Présentez-nous
les moments marquants de votre parcours dans la profession.
Cela fait 30 ans désormais
que j’ai démarré mon activité dans les fromages et comme nous n’avions pas d’école
il a fallu apprendre sur le tas et souvent directement chez les producteurs.
Avant cela, en 1976 déjà,
j’ai commencé la distribution de produits bio dans les Vosges et en Alsace, dont
quelques fromages, grâce à Mr Gérard Michel, spécialiste de produits laitiers.
J’avais déjà de bonnes
notions sur des régions comme l’Alsace, le Jura et la Normandie mais pour
toutes les autres et pour approfondir mes connaissances de ces premières, je me
suis rendu en 1983 auprès de Mr Maurice Janier, 3ème génération de
fromager-affineur et grossiste de haute qualité à Lyon.
Avec ma femme Christine nous avons ensuite créé notre structure et dès 86-87 nous avions une quarantaine de fromages...aujourd’hui je travaille
sur plus de 300 références et sur plusieurs degrés d’affinages. Il faut savoir
que pour créer et maîtriser une telle gamme il faut plus de 10 ans de quête.
Crédit Photo : Nis & For |
En
cette saison, quels sont vos produits et plats préférés ?
Dans mon métier, on se
lève tôt et il faut de l’énergie mais surtout ne pas s’alourdir pour la
journée, un bon petit déjeuner s’impose donc, d’ailleurs j’adore ça. Je
commence souvent par un bon yaourt, une tartine de beurre, au lait cru bien
entendu ; ce sont des produits vivants qui vous mettent en forme pour la
journée.
Sinon, samedi soir dernier
encore nous nous sommes régalés avec Christine de belles petites moules de bouchot,
toutes fraîches, ramenées du marché le matin, cuisinées le soir avec notre
crème crue de Normandie, du curry et quelques poireaux en dessous, c’était tout
simplement délicieux.
Donnez-nous
un petit conseil de pros pour rendre notre cuisine de tous les jours meilleure.
Le conseil que je veux
vous donner c’est avant tout de consommer de vrais et de bons produits, mais de
manières sensées. Pour les fromages par exemple, et plus encore pour les
fromages au lait cru qui sont de plus en plus rares, il faut savoir raison garder.
Pour un plateau à servir
en fin de repas festif, il faut prévoir 75 grammes par adulte, en comptant tous
les convives, même ceux qui n’en mangent pas habituellement et vous aurez très
souvent la juste quantité nécessaire. Pour un repas « tout fromage »
compter 250 grammes maximum et pour un plateau pour un buffet dinatoire, 125
grammes par personne suffisent largement. Il ne sert à rien d’en acheter trop
pour le jeter ensuite, pour une question de coût mais surtout de respect du
produit. Avec de bon produit vous verrez que la satisfaction et le sentiment de
satiété arrivent bien plus rapidement.
Citez-nous
un des jeunes employés de la maison dont vous êtes particulièrement fier.
Je suis assez fier qu’il
n’y ait quasiment aucun turn-over dans notre société, c’est une preuve que l’on
a réussi à créer une vraie équipe de travail.
Mais je vais vous parler
de ma fierté légitime de voir mes quatre enfants qui s’inscrivent dans l’aventure
familiale et dans la continuité de l’entreprise, chacun dans un rôle qui lui
correspond.
De 33 à 20 ans, d’Aurélien
à Pauline et Marion, nous travaillons presque tous ensemble, seul mon second fils
Sylvain nous rejoindra dans quelques années, il en a déjà émis le souhait.
Avez-vous
un souvenir, une anecdote à relater à la jeune génération de gastronomes ?
Bien sûr, je garde un
superbe souvenir d’un repas grandiose dégusté chez Marc Veyrat en 2005, juste
avant son accident. Il était là au sommet de son art, nous sommes restés plus
de 4h à table et c’était un véritable feu d’artifice de saveurs montagnardes et
sophistiquées.
Mais le dernier grand
souvenir de goût est plus simple que ça, je me rappelle parfaitement du bonheur
gustatif né de l’effort et de la surprise, lors d’une promenade improvisée sur
les crêtes Vosgiennes, avec ma femme.
Christine m’avait fait
la surprise de charger le sac de bonnes choses et vers la fin de la promenade,
quand vient la fringale, elle m’a sorti deux douzaines d’huîtres avec un
couteau, du bon pain et du vrai beurre (pas salé, il y a assez d’iode dans les
huîtres), avec une belle bouteille de blanc et deux verres et nous avons dégusté
ça debout, dans le froid…c’est un des meilleurs souvenirs gastronomiques qui me
soit resté.
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