jeudi 25 octobre 2012

Rencontre avec Marc et Maxime Wucher


Présentez-nous les moments marquants de votre parcours dans la profession.

Marc : J’ai commencé très tôt, à 14 ans, avec ma grand-mère et la rencontre avec un de nos cuisiniers Mr Jacky Rolling a été très importante pour moi. Il est à Casablanca maintenant, grâce à sa bonne humeur et son entrain, c’est lui qui m’a fait faire le premier grand pas dans la maison familiale.
Je me rappellerai toute ma vie de ma première recette préparée avec lui : un filet de bœuf Wellignton. Il fallait le déclic et il est toujours plus simple que celui-ci vienne de l’extérieur car quand on est jeune et que cela vient des parents c’est moins évident.

Maxime : C’est mon passage à Singapour qui fut le plus mémorable, je suis parti en Asie à l’âge de 19 ans et je suis resté plus de 5 ans là-bas, passant par quatre grands hôtels 5 étoiles. J’ai aimé être confronté à l’influence américaine en terme de management et d’affaire.
Mais il faut dire aussi que j’ai trouvé extraordinaire la qualité et la variété des cuisines, que ce soit dans la rue ou au restaurant. Mais les voyages m’ont surtout permis de voir ailleurs, plus loin, et d’adapter quelques-unes de ces excellentes idées chez nous, à Obernai. 


En cette saison, quels sont vos produits et plats préférés.

Maxime : En ce moment il y a une chose dont je n’arrive pas à me passer, c’est le vin nouveau, bien sûr accompagné d’une belle assiette de charcuterie quand on a le temps et qu’on partage un verre. On en reçoit des bidons chaque année de nos amis viticulteurs et j’adore ça.



Marc : Moi j’aime les champignons et je vais vous expliquer pourquoi : mon grand-père était chef garde-forestier, j’ai donc été élevé à l’odeur des sous-bois. En saison, les bucherons qui travaillaient en forêt en ramenaient à mon grand-père, avant tout parce qu’il avait une fille…c’était simplement une marque de respect de ramener toujours quelque chose. Alors quelques chanterelles ou girolles, en omelette, ça me ramène toujours tellement de bons souvenirs…     


Donnez-nous un petit conseil de pros pour rendre notre cuisine de tous les jours meilleure.

Maxime : Bien sûr il faut suivre les saisons avant tout, mais cette garniture que vous avez dégustée avec le coquelet (voir ICI) par exemple. On l’apprend tous à l’école cette « garniture grand-mère », c’est très facile à faire, en cocotte, il suffit presque de jeter les produits dedans et de laisser faire et cela accompagne très agréablement de nombreux plats. Des pommes de terre, oignons, champignons, lardons, un peu de fond de sauce, et voilà le travail. Les choses les plus simples sont souvent parmi les meilleures.

Marc : Mon conseil évident c’est qu’il faut cuisiner avec amour ! Faites la cuisine pour ceux que vous aimez et comme vous vous l’aimez et je suis certain que vous vous en régalerez. Si ce que vous préparez vous fait saliver, si vous avez du mal à attendre de passer à table avant de taper dans le plat, vous pouvez être sûr que votre plat sera réussi, pour vous comme pour les autres.


Citez-nous un jeune employé de la maison dont vous êtes particulièrement fier.


Maxime : Il n’est pas forcément tout jeune, mais je veux vous parler de Claude Seyler qui a 35 ans de maison. Il a fait son apprentissage chez nous et surtout c’est le seul qui a encore travaillé avec mon arrière grand-mère. Il est chef de partie aux légumes depuis longtemps et je tiens à lui rendre un petit hommage pour cette fidélité.
   

Avez-vous un souvenir, une anecdote à relater à la jeune génération de gastronome.

Maxime : Un jour, grâce à ce métier, j’ai eu l’honneur de servir personnellement la Reine d’Angleterre et le Prince d’Edimbourg. C’était à Singapour en 2006 il me semble, lors d’un de ces voyages officiels. Ce métier permet ça, n’importe quels jeunes peuvent y rentrer, voyager dans le monde entier où ils veulent et peut-être même rencontrer des personnalités aussi notables lors de leurs parcours.   

Marc : Je n’ai pas un souvenir précis, mais ce sont tous ces voyages qui durant 40 ans, m’ont marqué et dont j’ai toujours essayé de retenir quelque chose. Par exemple à chaque fois que je passais par le Bareiss ou le Traube Tonbach (hôtel-restaurant formidable en forêt noire), j’étais séduit par l’esprit de ces grands hôteliers. Ces gens ont, depuis très longtemps, une vision globale du bonheur-client qui m’a toujours marqué.




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