Présentez-nous
les moments marquants de votre parcours dans la profession.
Je suis tombé dans la
marmite tout petit, je suis né cuisinier par mon père, puis je suis allé chez Paul
Haeberlin en 75 pour parfaire mon apprentissage classique. Après l’armée par
contre je suis parti chez Alain Senderens à Paris du temps de l’Archestrate,
j’y travaillais d’ailleurs avec Alain Passard.
En 1978, Mr Senderens
c’était vraiment un révolutionnaire, c’est lui qui m’a donné envie de créer
autrement, j’étais très impressionné par sa précision, des cuissons jusqu’aux
accords mets et vins.
Je me rappelle
parfaitement de son foie gras poché aux choux, une folie pour l’époque. Lui
voyageait déjà beaucoup et revenait avec des idées et des techniques qui lui
servaient à créer une nouvelle cuisine.
En
cette saison, quels sont vos produits et plats préférés ?
Et bien la choucroute
nouvelle c’est maintenant, ça on le sait mais c’est également le temps du foie
gras d’oie. C’est une tradition alsacienne de le préparer à cette époque car
les bêtes sont moins accablées par la chaleur et acceptent mieux le gavage.
Mais en ce moment ce
qu’il y a de fabuleux aussi ce sont les premiers faons de biche, des jeunes de
moins de 6 mois à la viande fabuleuse. Pour moi, c’est la viande bio par
excellence, je la prépare classiquement mais j’aime servir avec une purée de potimarron
et un samossa griotte-orange pour ajouter cette touche sucré-acide qui va
tellement bien avec ces gibiers.
Donnez-nous
un petit conseil de pro pour rendre notre cuisine de tous les jours meilleure.
Que puis-je vous dire
d’autre que : évitez d’acheter des produits trop lointains, allez au plus
près. C’est triste de penser
que les supermarchés font le plein tout le temps alors que dans chaque village
autour de Strasbourg on trouve de superbes producteurs et artisans, alors
achetez le moins possible sous cellophane et vous verrez que votre cuisine du
quotidien sera déjà plus goûteuse.
Citez-nous
un des jeunes employé de la maison dont vous êtes particulièrement fier.
Je pense entre autre à
Yannick Tempel, notre pâtissier qui est maintenant avec nous depuis 15 ans.
Il venait déjà de la pâtisserie mais
n’avait travaillé que dans des maisons plus modestes. Je l’ai envoyé faire des
stages, entre autres chez mon ami Patrick Chevallot à Val d’Isère qui lui est
MOF depuis 1993.
Il a appris, il a passé
un cap ici et nous avons tous évolué ensemble, car la cuisine c’est avant tout
un vrai travail d’équipe.
Avez-vous
un souvenir, une anecdote à relater à la jeune génération de gastronome.
Un de mes souvenirs les
plus marquants reste ma première fois au Japon, en 1986. J’étais alors invité
par un ami qui connaissait très bien le pays, il m’a tout montré et initié à la
gastronomie nippone. Cette cuisine me correspondait complètement car elle se
base sur le produit pur, d’une qualité incroyable et sur le respect des
techniques ancestrales. J’y suis retourné bien 15 fois depuis tellement ce
premier voyage m’avait marqué.
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